Viti-
culture

Une viticulture pérenne

agro-foresterie et permaculture

Le Château Le Devay est d’abord le lieu de vie de la famille Fournet. Le choix de la biodynamie s’impose dès les premiers coups de pelle. Respect de la nature et du vivant semble une évidence pour préserver l’harmonie et la quiétude du lieu, cette propriété à l’écart de la ville, conduite par une petite route paisible ponctuée de quelques habitations, à 5 kilomètres de Vienne.

Le choix du végétal

une étape cruciale

Parallèlement, les Fournet prennent contact avec différents pépiniéristes pour amorcer les plantations en 2015, Jean-Claude Lapierre en Savoie et Lilian Bérillon dans le Vaucluse. Diversité des plants et des porte-greffes (Riparia et 3039), qualité des sélections sont ainsi privilégiées, privilégiant les sélections massales (90 % du domaine). Les Fournet développent leur collaboration avec Christophe Raucaz et Jean-Claude Lapierre, de la société VitiSavoie, des pépiniéristes installés à Verrens Arvey en Savoie, une des rares pépinières à pouvoir fournir des ceps sur mesure d’une telle qualité. Ils créent une pépinière privée “château le Devay” pour sélectionner et développer le meilleur matériel végétal et le replanter au domaine. « Il faut concilier plusieurs approches pour favoriser la diversité génétique. De même que l’on souhaite mêler les espèces végétales, de la même façon nous favorisons des origines variées pour nos plants. Plus c’est varié, plus c’est complexe ! » Conseillés par Pierre-Jean Villa, les Fournet débutent leurs plantations en suivant les cycles lunaires ; auparavant, les parcelles sélectionnées sont travaillées et semées en engrais verts pour accueillir les jeunes plants. Le résultat ne se fait pas attendre avec une réussite de plus de 99 % de reprise (un taux exceptionnellement élevé) et un développement végétatif absolument parfait.

Le début de l’aventure

s’entourer des meilleurs

En bon scientifique, rationnel et organisé, Jean-Charles Fournet ne souhaite pas faire les choses à moitié. Avec son épouse Florence, ils choisissent la voie la plus ardue, mais la plus passionnante : une viticulture douce, respectueuse du vivant ; ce sera dès le départ un choix important, liant permaculture, agro-foresterie et biodynamie. Sur les conseils d’amis vignerons, ils font appel à Claude et Lydia Bourguignon, soucieux de connaître le point de vue de ces microbiologistes des sols réputés mondialement. Déjà, l’analyse visuelle des terres, tout autour de la propriété, confirme la présence de micaschistes et d’une exposition parfaite. Les Bourguignon isolent 5,5 hectares de terres idéales pour la plantation de cépages rhodaniens. De gigantesques travaux de défrichement sont alors entrepris.

Le greffage en place

une technique ancestrale remise au goût du jour

La rencontre avec Lilian Bérillon agit comme un révélateur. Une plantation de 11 000 porte-greff es Riparia est réalisée en 2017 en vue d’un surgreff age en 2019 par des sélections massales de roussanne et de syrah. Ils s’entourent également des conseils et de l’expertise de Marc Birebent, de la société Worldwide Vineyards, qui vient greff er les racinés en T-bud et chip-bud, deux techniques de greff e ancestrales garantissant les meilleurs résultats. Les équipes de Marc Birebent viennent au mois de juin au moment de la montée de sève ; ce procédé long et exigeant se déroule sur 5 ans en fonction du développement des racinés, car on ne peut les greff er que lorsque leur diamètre de tronc atteint plus de 2 cm.

Une viticulture vertueuse

le choix du vivant

Guidés par leurs lectures et les recommandations de leurs désormais collègues vignerons, Jean-Charles et Florence placent la barre haut et envisagent le meilleur pour leur vignoble. Du choix des porte-greff es à la variété des raisins, tout est pensé avec l’idée de faire du mieux possible et le plus naturellement qui soit. Les terres sont entièrement travaillées à la main, au treuil,en
microchenillette et au cheval. Les travaux ne manquent pas : taille respectueuse du fl ux de sève, relevage sur échalas, aucun rognage n’est pratiqué dans le but de laisser la plante terminer son cycle végétatif, enroulement, tressage, enherbement, paillage… Tisanes, décoctions de plantes et dynamisations sont utilisées tout au long du cycle végétatif de la plante, dans le respect du calendrier lunaire, réalisées uniquement en fonction des besoins et individualisées pour chaque parcelle.

Taille non mutilante respectueuse des flux de sève

un travail de titan !

La taille en « flux de sève » ou taille non mutilante permet une bien meilleure circulation de la sève et surtout de préserver la longévité du cep. Pratiquée autrefois, elle a été abandonnée au profit des techniques de tailles actuelles alors qu’elle apparaît comme l’une des principales solutions à la pérennité des plants et à leur préservation des maladies de type esca. Pourquoi alors tout le monde ne taille t-il pas selon cette méthode ? Tout simplement parce qu’elle est contraignante, difficile à mettre en œuvre et requiert surtout beaucoup plus de temps, une fois la formation précise enseignée à chaque tailleur : cette taille nécessite en effet 130 heures de travail à l’hectare, soit le double de la taille « classique » !

Biodiversité et agroforesterie

un lieu préservé

L’aventure viticole se double d’une volonté de faire revivre la vocation première du domaine avec la polyculture. Un projet de cidrerie est également en cours, amorcé en 2019. Dans un futur proche, vaches, moutons, poules devront rejoindre le domaine. Tout le reste de la propriété, les talus et les friches sont ainsi valorisés par des enherbements mellifères, permettant à la faune et à la fl ore de trouver un habitat adéquat. Près de 1500 mètres de haies mellifères et coupe-vents sont également replantés aux abords des parcelles. En périphérie des parcelles et dans leur coeur, des bandes sont laissées libres, réservées à la plantation d’arbres fruitiers d’essences locale et ancienne, en collaboration avec la pépinière bio de Christophe Delay à Estrablin (abricotiers, pêchers de vignes, amandiers, poiriers, pommiers), toujours selon les principes de l’agro-foresterie.